Deux Grands Ducs d’Europe en très mauvaise passe
Enfin prête ces jours pour rejoindre son territoire où le mâle chante depuis quelques jours...
Il nous a fallu encore faire des prouesses impensables à l’association pour qu’elle puisse revoler...
Car où et comment se remuscler ?
Notre première et seule volière était trop petite ( 16 m de long...) pour qu’elle réapprenne à utiliser son aile. A peine le temps de décoller... tellement immenses sont ses ailes, qu’il lui fallait se poser.
Nous avons travaillé tout l’automne pour monter une grande volière de 30 mètres de long, avec tous nos amis de la grande chaîne de solidarité autour de l’Hôpital Faune Sauvage de Ganges... Du 24 septembre au 15 octobre, que de travail réalisé !...
Plus de 100 personnes, des jeunes, des moins jeunes... Merci à vous, à nous tous.
- les 3 Bubo Bubo en volière avant leur liberté (photo F Ledru)
Les trois grands ducs en soin (de droite à gauche, la mère, la fille et une jeune accidentée sur l’autoroute vers Bagnols / Cèze arrivée fin septembre)... avaient enfin un lieu idéal pour se réhabiliter parfaitement au vol ; à partir du 15 octobre jusqu’à ce jour, les progrès de la femelle fracturée guérie ont été spectaculaires...
Nombreux étaient ceux qui pensaient qu’elle ne revolerait jamais.
Nous aurions voulu aller plus vite... pour qu’elles retrouvent encore plus vite la liberté. Facile à dire... Plus compliqué pour des oiseaux sauvages qu’on ne touche plus une fois qu’ils vont bien et qu’on cherche à déranger le moins possible.
C’est chose faite... et sa, leurs sorties sont imminentes !
- mère et fille... en pleine forme enfin ! elles font plaisir à voir...
Et les volières sont magistrales, hyper efficaces pour les très grands rapaces.
Elle, "notre" "grande duchesse" aux yeux si compréhensifs, ce sera le dimanche 5 février 2012, au domaine de la Prade à Puissalicon.
De là où elle est venue ce soir du 6 juin 2011... Séquence émotion assurée, entre se découvreuse et ses nombreux sauveurs !
- mère (à G, la plombée) et sa fille - décembre 2011
D’ici là, le 31 janvier, sa fille (à droite sur la photo) sera remise en liberté sur St Jean de Buèges
- le rocher du Midi à St Jean de Buèges
- avant le départ pour la chasse nocturne
et leur copine de volière, elle aussi, majestueuse et en pleine vigueur, sera relâchée sur St Saturnin de Lucian.
- Bubo Bubo venant de Bagnols / Cèze avant départ
Séquences "émotion" !
25.7.11 les dernières nouvelles post-op :
Ce jour, nous avons débroché complètement le montage des broches et l’aile est complètement réparée, avec 100 % d’amplitude articulaire... ce qui est un quasi "miracle", si tant existent les miracles !...
La femelle est désormais en récupération musculaire au vol dans la volière avec son jeune... et si tout se passe comme elle semble le vouloir, nous procèderons à leur remise en liberté dans l’été...
Bonheur donc chez les grands ducs et les humains qui s’en pré-occupent !
C’est ainsi qu’ils sont arrivés le soir du 6 juin vers 20 H... dans leurs cartons respectifs.
Il s’agissait d’une femelle hibou grand duc d’Europe, cachectique, pesant 1 Kg (contre 2 à 3 Kg en état normal), avec une très très vieille fracture de l’aile, aile complètement retournée à l’envers avec des asticots... mais vivante... et s’occupant de son jeune, tout aussi maigre que sa mère.
A se demander comment ils ont pu survivre au sol depuis, vu l’état des blessures et fractures... au moins 15 jours. Sans voler et donc sans chasser...
A moins que le mâle n’ait subvenu à leurs besoins ? Ce qui est vraisemblable car dans l’espèce, le couple reste uni pour la vie, le mâle amenant les proies à la femelle qui seule couve et s’occupe des jeunes.
Nous avons décidé de ne pas euthanasier la mère, malgré les lésions terribles et ces vieilles fractures... Et le soir même, après des soins de première urgence, ils étaient tous deux, mère et jeune, attablés devant des gros rats (produits par Mireille, notre super intendante aux rats).
10 minutes plus tard, la mère nourrissait à nouveau le jeune qui claquait du bec... trop heureux d’avoir enfin de quoi manger de consistant !
Ce n’est que 6 jours plus tard, une fois leurs poids remontés, que nous avons endormi la femelle pour faire tout d’abord une radiographie et envisager une éventuelle suite chirurgicale...
Et là, quelle surprise de voir l’ensemble de son corps criblé de plombs, tête comprise ; avec 2 fractures sur la même aile, humérale et ulnaire...
Tout s’expliquait alors.
- Radio générale des 30 plombs sur la femelle avec une aile en deux morceaux et deux fractures
Mais quelle volonté, quel courage pour sauver son jeune, quelle envie de vivre ! On ne pouvait pas la laisser crever ainsi.
Devant sa détermination à survivre, nous ne pouvions que chercher à l’aider.
- Radio du montage ESF Tie In Humérus G du 10.6.11 (per op.)
Elle a été opérée durant 2 H 30, elle avait pris déjà du poids, et a bien supporté cette intervention.
Le soir même, elle retrouvait son gros poussin... qui visiblement ne sera pas orphelin... si la chance continue de sourir à sa mère.
Opérée le 10 juin, sa réparation semble fonctionner...
ils ont rejoint 15 jours plus tard tous deux une grande volière pour commencer à chercher à voler et éviter toute ankylose qui serait fatale au retour en liberté de la mère.
Le 25 juin au soir, le moral était au beau fixe dans la famille grand duc.
Mais, nous ne saurons que bien plus tard s’ils pourront tous les deux être relâchés... l’idéal serait ensemble.
Vous verriez les relations entre ces deux oiseaux, c’est vraiment génial. Et promis, la femelle semble "tout comprendre de ce qu’on lui fait"... Car elle n’est pas encore au bout de des manipulations, radios de contrôles, anesthésies, etc... avant de pouvoir penser un jour revoler libre.
- jeune hibou grand duc qui voudrait impressionner
- Jeune et mère grands ducs au 25 juin
- la mère a visible sur l’aile, le fixateur externe qui tente de réparer cet humérus explosé par plombs de chasse
et un essai de kiné sur l’aile blessée...
- manipulation et contrôle aile à 15 jours de l’OP
Les nouvelles au 29 juin, plutôt excellentes : après radio de contrôle, l’os semble bien réparé déjà et nous avons procédé à un démantèlement progressif du montage rigide.
Elle va pouvoir mieux encore ses prochains jours s’essayer au vol... après tant de jours passés à marcher !
Souhaitons leur à tous deux qu’ils puissent au plus vite retrouver leur liberté, ensemble.
Un grand merci à la magnifique chaîne de solidarité mise à l’épreuve à leur chevet.
Et en premier lieu à Mme Bourrely de Puissalicon qui a eu la présence d’esprit de nous joindre dès le lundi matin 6 juin, lendemain de la triste trouvaille.
Qu’ils en soient tous remerciés.
Pensez fort à eux qu’ils puissent retourner au plus vite dans un territoire protégé des terroristes au fusil, loin des raticides et de lignes électriques qui deviendraient moins meurtrières.