La Brucellose, une maladie des troupeaux et des hommes - Une maladie du passé qui doit le rester.
Il est aujourd’hui pour nous, acteurs vivant et agissant depuis des années en Cévennes, un devoir de mémoire de rappeler aux français, ruraux mais aussi urbains, aux gestionnaires des territoires et des populations, aux responsables politiques, aux médias et aux jeunes générations, et à fortiori aux médecins et aux vétérinaires, l’histoire de l’éradication de la brucellose à la fin du XXème siècle.
Cette maladie infectieuse humaine très dangereuse présente jusqu’alors dans TOUT LE SUD DE LA FRANCE depuis des siècles, transmise par les animaux (zoonose) a disparu en moins de 15 ans grâce à l’excellence d’une vaccination ciblée des animaux domestiques à risque (brebis transhumantes de troupeaux mélangés par leurs modes de pâturages d’estive ou d’hivernage…).
C’est une vaccination conjonctivale -une goutte dans l’œil, une seule fois dans leur vie- des agnelles de l’ensemble des troupeaux ovins transhumants du Sud de la France qui très vite eut raison d’une endémie grave pour laquelle les laboratoires et les médecins cherchaient sans trouver une vaccination humaine depuis des années.
12 ans après cette éradication « historique, par sa rapidité et son efficacité » du territoire français de cette endémie humaine et animale, la brucellose remontre son nez avec 3 cas humains (dont 2 enfants) en Savoie.
Pour « protéger » les populations humaines de ce secteur et la filière économique du Reblochon, la décision administrative choisit le suivi sérologique global des troupeaux, l’abattage des bovins séropositifs et désormais d’une partie de la faune sauvage de montagne en contact l’été avec ces bovins, faune sauvage désignée comme maillon faible et réservoir : 200 bouquetins ont été tués en octobre 2013. D’autres tirs sont prévus.
Comment oublier ce qui a fait disparaître en si peu d’années cette maladie infectieuse humaine séculaire -connue depuis plus de 400 ans- grave, débilitante, pouvant devenir chronique et qu’on ne peut soigner chez l’homme qu’avec un lourd et coûteux traitement antibiotique ?
Ci-dessus, une carte produite en 2013 aux 14èmes Journées Nationales d’Infectiologie - Clermont Ferrand en juin 2013 par Garin Bastuji et al. « Investigations autour d’un cas humain de brucellose en Haute Savoie ». Suivre sur la courbe rouge de l’incidence des cas humains, l’arrivée du REV 1 sur les ovins en France en 1981, puis l’effet du REV1 conjonctival utilisé partout sur les ovins transhumants dès 1993.
Mais plus encore en cette période d’inquiétude sur l’antibio-résistance en santé publique, comment oublier l’efficacité sur la santé de la moitié sud de la France d’une vaccination des seuls animaux domestiques à risque ?
La santé publique et la sécurité sanitaire ne semblent pas être des priorités comme elles le devraient dans la balance commerciale de la France, plus à l’écoute de la santé économique des entreprises agro-alimentaires et des groupes pharmaceutiques. Les politiques publiques françaises en faveur du commerce international s’éloigneraient-elles de cet enjeu pourtant essentiel : la santé de ses populations ?
Avant cette vaccination qui s’est avérée si vite excellente, on tuait les animaux à risque contagieux (séro-positifs, douteux, avortant, atypiques…), on utilisait des vaccins animaux inefficaces, on commençait à suspecter biches, sangliers et chevreuils alentours sans jamais voir s’arrêter l’endémie brucellique méditerranéenne qui a continué jusqu’en 1986 de poser de graves problèmes de santé publique et problèmes économiques liés (blocage des ventes des fromages au lait cru, interdiction de ventes, de transhumances, etc…).
Grâce à cette vaccination « douce » expérimentée en Cévennes dès 1983 et réglementairement harmonisée sur tout le sud de la France en novembre 1993, on a acquis en moins de 15 ans à un coût impensable une sécurité sanitaire et une santé - animale et humaine - inégalées jusque là.
La France a été déclarée indemne et éradiquée de Brucellose en l’an 2000. La maladie humaine et animale avait disparu et les pouvoirs publics vétérinaires ont décidé alors l’arrêt de cette vaccination animale.
Saurons-nous réagir avec un petit effort de mémoire pour transmettre aux jeunes générations ce monde magnifique en pleine forme ?
Les points importants et défis à poursuivre et faire savoir déjà ici en Cévennes en 2014 :
1. Les sécurité et santé excellentes de nos territoires méditerranéens et montagnards, hommes et animaux, à défendre et faire savoir.
2. Une recherche en vaccinologie – immunologie à continuer, en partant de cette vaccination conjonctivale pour mieux comprendre comment elle marche. Au pays de Pasteur, ne pas oublier cette avancée majeure en infectiologie pour prévoir de l’utiliser ailleurs, autrement. Un autre monde est possible ; oui, une gestion différente des maladies animales et humaines est possible.
3. Enfin, au menu de 2014 en Cévennes : savoir rebondir. Il nous faut poursuivre cette excellente santé territoriale acquise par ténacité en 30 ans en continuant de faire corps pour s’engager ensemble vers cette autre excellence, celle d’un territoire collectif complexe pour en développer et faire valoir d’autres aspects :
Continuons dans nos choix volontaires de non emploi de pesticides en agriculture et notre si faible usage des médicaments et des antibiotiques, car la prévention des maladies est chez nous de mise depuis longtemps.
Montrons notre faible indice carbone et nos si bons impacts globaux dont le bio-recyclage naturel et son écotaxe positive.
Valorisons nos économies locales et cette agro-écologie co-productrice de richesses et de connaissances partagées.
Travaillons et portons nous garants de la bonne santé de la planète, de cette biodiversité méditerranéenne recherchée et assumée, dans le respect des animaux, des consommateurs, des hommes et des milieux naturels avec lesquels nous travaillons et nous vivons.
Pour en savoir encore plus… en voici en détail l’aventure sanitaire et collective en brucellose ici en Cévennes.
Ce sont les jeunes biologistes et montagnards savoyards du Bargy, biologistes, naturalistes travaillant sur les Gypaètes barbus qui m’ont questionnée mi novembre 2013 à la réunion du groupe Vautours France sur le pourquoi et comment abattre les bouquetins cause Brucellose, quelle est donc la dangerosité de cette zoonose, comment tout cela est arrivé… C’était pour moi, vétérinaire passionnée accompagnant les bergers des Cévennes depuis 30 ans, réouvrir une marmite qu’on avait tranquillement laissée de côté, mais oubliée certainement pas. D’un coup, notre travail, notre lutte d’une époque aujourd’hui si calme, si pacifiée, tout devenait évident à retravailler pour en laisser des traces aux jeunes générations.
Brucellose méditerranéenne, octobre 2013 :
avec sa réapparition en Savoie moins de 10 ans après la déclaration de son « éradication nationale » et l’ouverture d’une discrète chasse aux séropositifs et aux boucs émissaires.
Exposition du projet d’en rendre compte en Cévennes Garrigues pour 2014 afin d’étayer et développer cet excellent travail collectif acquis, pour l’instant loin des dangers à nouveau possibles.
Rendre compte de l’excellence de notre territoire garrigues cévennes en brucellose, qualité sanitaire pour tous (humains comme animaux) et sérénité acquise il y a 30 ans par notre ténacité, résistance et créativité collectives.
Partant d’une infection endémique zoonotique, fatalité inscrite dans des territoires d’élevages compliqués et mélangés au sud d’une ligne Bayonne-Genève, pathologie qui a touché durablement les populations humaines posant de graves problèmes aux troupeaux (transhumants comme sédentaires laitiers, petits ruminants comme bovins), nous avons ici en Cévennes participé et vécu la disparition en moins 15 ans de cette zoonose séculaire grâce à une vaccination animale très efficace, expérimentée dès 1984 chez nous.
Cette vaccination très « soft », douce, nous a permis de sortir la tête haute d’une longue période d’abattage total ou partiel, de chasse aux séropositifs dans les élevages ou d’éventuels réservoirs sauvages. Période dangereuse et inquiétante assortie d’interdiction de transhumer, de mélanger les troupeaux, entretenant cependant une situation sanitaire continuellement explosive, générée alors par les très mauvaises vaccinations animales et techniques de laboratoires d’antan, dans un état permanent de suspicion...
Ce projet collectif dont on ne sait pas encore -en décembre 2013- dans quelle forme il sera le plus utile, le plus diffusible. On y réfléchit, on se réunit, les idées fusent :
- Un livre ?
- Un film ? sous la forme d’un reportage à partir des nombreux témoins et acteurs.
- Un webdocumentaire ? en épisodes...
- Des reportages écrits, pourquoi pas ? Ils devront être nombreux, courts et lisibles, un par un, si l’on veut aborder cette complexité. Et passer par des médias lents ou d’autres comme « Au fait »1 .
Il nous faut explorer tous ces possibles, en voir les divers intérêts et comment les réaliser.
Il nous faut explorer tous ces possibles, en voir les divers intérêts et comment les réaliser.
Tout cela nécessite donc en cet hiver 2013-2014 un travail d’exploration et de mémoire collective sur un script à rassembler pour faire sens aujourd’hui et laisser des traces de cette invention des années 1984 dont il faut au moins se souvenir, si ce n’est y revenir, reprenant cette technique géniale, efficace et économique « de protéger les hommes en vaccinant d’une goutte à l’œil les troupeaux nomades » sans plus tuer ni arrêter personne.
Puis diffuser cette production par la suite autour de nous pour s’autoriser d’inventer d’autres possibles en 2014. Ici en Cévennes, comme partout ailleurs dans le monde. Une génération après, tout est à continuer à apprendre, à transmettre du côté de la brucellose.
Attention, nous ne partons pas de rien.
Le bilan de départ :
. Il y a le film l’Herbe Rase© du Cefale2 réalisé par Jean Rabaté à l’époque avant l’usage du Rev1 en France – film qui pose une analyse très claire, scientifique et politique d’un « avant 1981 ». Disponible en DVD.
. Et il y a eu l’arrivée du REV13 en 1981, d’abord en sous-cutané puis sous la forme conjonctivale, « outil presque parfait pour la prophylaxie médico-sanitaire et l’éradication finale de la brucellose en zone de transhumance ovine » (JM Verger, Inra, à la réunion de 1994 de Montpellier).
. C’est en 1983-1985, qu’un épisode brucellique aigu en Cévennes reprend… comme tous les 5 – 6 ans jusqu’alors de vallées en vallées. Nous avons cherché à éviter l’abattage total du troupeau ovin de 2000 bêtes d’une race rustique (la Raïole) en transformant l’épidémie désastreuse en terre d’estive lozérienne en expérimentation en grandeur nature ici à Massevaques. Sur un épisode abortif massif, cette vaccination sous la forme conjonctivale a très vite, vu son efficacité, fait tache d’huile. A expliciter avec divers témoignages d’acteurs variés.
. Le 26 nov 1993 : obtention de l’AMM4 de l’OVIREV® de Vétoquinol, le vaccin REV1 conjonctival essayé et expérimenté durant 3 ans à Massevaques en Cévennes. Et en Corse.
. Réunion internationale le 28 janvier 1994 à Montpellier5 : « Le Rev1 conjonctival, facteur d’accélération de l’éradication des brucelloses en zone d’endémie et de transhumances. » Cette réunion a permis de faire le point pour harmoniser et systématiser cette vaccination conjonctivale en divers points du territoire sud de la France.
. 1985-2000 : l’éradication sur tout le territoire français d’une maladie humaine comme animale sans plus aucun abattage – ou presque - grâce à un vaccin fait d’une goutte dans l’œil une seule fois dans la vie d’une agnelle… à un prix excellent et une qualité sanitaire humano-animale dans ces territoires sud jusque là jamais obtenue.
mars 1996 : réunion méditerranéenne sur Montpellier (mas de l’agriculture) organisée par nous même et le GTV PACA entre chercheurs, médecins, éleveurs et vétérinaires de l’ensemble de la zone Sud des Pyrénées aux Alpes, pour faire le point sur l’efficacité des 10 ans à peine de vaccination conjonctivale des troupeaux nomades transhumants à corréler aux excellents résultats sur la santé publique.
La brucellose disparaît réellement (plus aucun cas humains6), mais nous sommes en pleine période des sérologies atypiques et d’excès en tous genres sur la « dangerosité » de ces dites « séropo ».
2000 : la France est désormais libérée de la brucellose méditerranéenne, « éradiquée » comme ils disent… grâce au REV1 conjonctival fait uniquement aux agnelles transhumantes en 15 ans. Le Ministère de l’Agriculture interdit définitivement le vaccin aux troupeaux transhumants7. Les industries agro-alimentaires s’exportent sur le marché mondial avec des règles du jeu données entre pays riches, occidentaux. En 1995 il y avait eu une réunion importante entre OMC et OIE à Marrakech pour préparer et installer les règles du jeu sanitaire avec les atouts définis par les pays riches et dits « propres » sur les pays du Sud, émergents et... qui n’ont pas vraiment jusqu’alors eu la parole.
mai 2000 : réunion régionale sur Ganges pour établir un Mémorandum auprès des Ministères en charge de la gestion de la Brucellose, zoonose - M de la Santé et M de l’Agriculture-, demandant la poursuite de cette vaccination d’une efficacité remarquable tant technique qu’économique.. Y participent le Pr Michel Fontaine ancien directeur de l’ENV de Lyon, A Pitte (ass. Drailles), le Pr Jambon Service Maladies Infectieuses du CHU de Montpellier, des vétérinaires engagés et des éleveurs de la région.
juin 2000 : un collectif cévenol représentant l’excellence en Brucellose est invité au Ministère de la Santé à Paris après envoi du Mémorandum pour présenter notre requête de poursuivre cette gestion globale qui a servi si bien la santé publique autant que la santé des troupeaux mêlés, et depuis si peu. Le Ministère de l’Agriculture (c’est l’époque socialiste de Glavany) refuse de nous recevoir. Les représentants du collectif sont Franck Fesquet, berger de Valleraugue 30, président de « Transhumance et avenir », le Dr Christian Flaissier, médecin de Lasalle 30, maire et conseiller général, le Pr François Janbon du CHU de Montpellier, patron du service des maladies infectieuses et moi-même, MP Puech, vétérinaire sur Ganges 34. Nous sortons de l’entrevue dégoûtés… le Ministère de la santé en charge de la santé publique en ces années-là n’a plus aucun pouvoir d’action sur la gestion de la Brucellose humaine, zoonose majeure et pourtant dangereuse pour la santé publique, face à ce qu’il décrit comme un « mammouth », le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ce que veut l’Agriculture (comprendre : les groupes de pression de l’agroalimentaire et des industriels de l’agriculture productiviste exportatrice)… « Dieu… » ici : la France, et donc nous tous qui laissons faire, le veut.
La vaccination conjonctivale pour protéger les troupeaux transhumants et les hommes est arrêtée en 2001 en France. Elle se poursuit partout dans le monde où les problèmes de la brucellose (hommes et animaux mêlés) existent. Nous ici, en Cévennes Garrigues en Languedoc, on s’est simplement dit qu’il nous faut rester vigilants car rien de moins sûr que la brucellose ne remontre pas le bout de son nez.
depuis, il y eut un jour, il y eut une nuit…et puis d’autres nouveautés ou des anciennes qui ont fait leur « coming out »… il y eut la Fièvre aphteuse, puis la Fièvre Catarrhale Ovine, puis la Schmallenberg, et puis l’antibio-résistance qui vit se lever cet automne les boucliers vétérinaires professionnels… et puis tout doucement, ou plutôt très peu encore médiatisé, on a réentendu parler de Brucellose et commencé à comprendre qu’elle reposait quelques problèmes de santé publique… mais si peu… de manière si confidentielle, si exotique… si si des bouquetins, vous ne le saviez pas Mme Michou…
2012… soit 10 ans à peine après sa « disparition », on réentend parler de Brucellose en montagne du sud, en Savoie autour de deux cas d’enfants contaminés et d’un cas de conversion sérologique. Terre savoyarde de tourisme, de vaches et de tommes et d’estives où l’on a préféré en 2013 reprendre la chasse aux séropo et abattre 200 bouquetins émissaires dans le Bargy, histoire de calmer les esprits, le temps de…
Une maladie infectieuse comme la brucellose méditerranéenne met un certain temps à disparaître définitivement de tant de siècles d’existence dans les campagnes ; cela sembla presque trop beau que tout s’éloigne si vite de nos territoires sud à interactions et interfaces complexes, hommes, animaux domestiques et sauvages, toujours en mouvement, ouverts sur le monde.
Ici nous ne voudrons pas la revoir, ni l’humaine ni l’animale, ni aujourd’hui ni demain, nunca mas.
L’AOC du fromage frais de chèvre du Pélardon des Cévennes n’a nul besoin de ce risque gravissime de sécurité sanitaire, ni bien d’autres productions de fromages frais, ni les humains et les villages où les troupeaux vivent et se mélangent les uns tout près des autres, ni les urbains, ni les touristes, ni les enfants, ni personne.
Et surtout que la santé de la balance commerciale des exportations françaises ne s’inquiète de rien, cette vaccination si bonne pour les hommes et les élevages des pays sud devra avant tout être vue comme un niveau de sécurité supplémentaire et non plus comme un péché capital.
Nous vaccinons bien nos animaux domestiques contre la rage (maladie mortelle) et surtout les renards sauvages par des appâts oraux répétés chaque année depuis plus de 20 ans pour conserver notre statut de pays indemne de rage. Indemne vacciné. OUI...
Nous reprendrons s’il le fallait une vaccination ciblée avec toutes nos responsabilités.
L’OMC8 née en 1995 évolue et revoit sa copie ces jours à Bali, négociant face aux pays émergents une libéralisation des marchés qui ne mette pas ou déjà moins en danger la santé et la richesse de ses populations, qu’elles soient du Nord ou du Sud.
La reprise d’une vaccination d’intérêt général régional ne peut, nous qui sommes en France méditerranéenne au Sud d’un Nord industriel et plus exportateur, poser de problème constitutionnel.
Et donc, aujourd’hui, en 2013 – 2015, il nous faut témoigner, expliquer aux générations qui montent ce que l’on avait alors acquis, comment nous étions arrivés à la victoire immense sur cette pathologie inscrite depuis des siècles entre hommes et troupeaux, fromages etc… Partant et subissant des dogmes hygiénistes du siècle précédent décidés par un ordre supérieur, souvent urbain et sédentaire (euphémisme…),, industriel, devenu exportateur par intérêts privés peu partagés, comment nous avions réussi collectivement avec beaucoup de chance à redonner l’excellence à nos territoires sud, redonnant confiance et santé durablement aux hommes et aux troupeaux. Sans plus subir par fatalisme sanitaire cet ordre sanitaire économique qui visait à tuer, amputer et empêcher en priorité les mouvements et les mélanges des troupeaux transhumants peu exportateurs (autre euphémisme…) sans éliminer le risque de cette zoonose grave dans les populations rurales. Ces liberté et sérénité collectives acquises en pleine responsabilité après des années de soumissions passives sont géniales à comprendre et faire savoir...
C’est à nous de montrer cette excellence collective acquise que l’on ne peut oublier. Et comment nous ne voudrons plus revivre ces moments là d’un passé déjà loin.
De cette excellence sanitaire acquise et expliquée aux gens non initiés et nouveaux à la Brucellose, il faut tirer le fil de cette solidarité responsable partagée, de ces libertés et qualités acquises pour continuer d’inventer ensemble une suite à ce travail, sur ces mêmes territoires complexes où l’on vit nombreux, toujours en lien avec la bonne santé des troupeaux, des humains tout autour et du territoire. Des choix et des engagements pour :
montrer les impacts CO2 de nos agrosystèmes,
montrer l’équarrissage industriel versus le recyclage biologique et biodivers bon pour les hommes comme pour les « bêtes »,
montrer la qualité de nos élevages sans pesticides ni biocides sans attendre les plans éco-antibio, montrer cette agro-écologie, cet agro-élevage ami de la terre et de ses habitants, que nous faisons déjà à échelle humaine, moderne et attentive, en lien avec d’autres (comme les espagnols du Grefa), avec sensibilisations, partage des connaissances, nouveau tourisme, recherches sur la conservation d’espèces en lien avec les autres acteurs internationaux sur ces mêmes thèmes, travail d’investigations sur la faune complexe des recycleurs – copro- et nécro-phages -, etc…
Nous sommes attendus en 2013 sur ce point -sans brucellose, cela va de soi… - et avons évidemment la capacité à argumenter et à montrer à nous, à nos enfants et puis aux autres ce que l’on sait déjà faire et continuer d’inventer ensemble.
1) "Au fait", nouveau média « lent » papier avec comme projet : …/... La dernière raison tient paradoxalement au rapport étroit qu’entretiennent pour tout observateur attentif le temps et l’espace. L’œil collé sur la vitre interdit de voir la fenêtre. C’est en ayant ce recul sur les choses, recul donné par le temps, que l’on peut se dégager des contraintes, observer plus large. Le temps donne de la hauteur. Trois bonnes raisons pour vraiment prendre son temps. Se poser pour mieux regarder les choses, les comprendre et proposer au lecteur de scruter avec lenteur un monde qui voudrait nous faire croire qu’il va plus vite et plus mal que le monde d’hier alors que l’on ne fait que regarder plus mal le monde d’aujourd’hui. Allez voir.
2) Cefale : Centre de formation appliqué à l’élevage, issu dans les années 1975 de l’école vétérinaire de Lyon autour du Pr Michel Fontaine pour travailler main dans la main sur des problématiques et d’importants enjeux du terrain, éleveurs, ingénieurs, techniciens et vétérinaires (étudiants pour la plupart - futurs leaders, porteurs de nombreux projets interdisciplinaires comme on disait à l’époque).
3) Le REV1 conjonctival, un ensemble de convergences, de hasards et nécessités qui aboutit à un outil vaccinal parfait. Découvert par Elberg en 1953, ce vaccin vivant atténué sous sa forme injectable change la donne dès son autorisation en France en 1981 ; avec des petits inconvénients, il est bien au dessus des anciens vaccins utilisés jusque là. L’usage de ce vaccin par voie conjonctivale est essayé à l’Inra dès 1980 par Fensterbank sur quelques brebis expérimentales à Nouzilly près de Tours. La voie conjonctivale elle étant connue et étudiée depuis les années 1930 où en Afrique du Nord, s’avère être un moyen efficace pour guérir les chevaux de la pseudo morve (Cannepin). L’immunité transmise par les conjonctives se montre très vite remarquable. En 1984, sur un avortement brucellique massif de 2000 brebis transhumantes en Lozère, nous demandons et accédons à un essai terrain « grandeur nature ». La Corse suit. L’expérimentation s’avère concluante sur tous les points : innocuité, efficacité, sérologies qui se négativent. L’aventure française, puis européenne et mondiale du REV1 conjonctival est assurée. Cf carte de l’évolution des brucelloses en annexe – JNI juin 2013 et annexes.
4) AMM : autorisation de mise sur le marché (national, européen et très vite mondial dans le cas du vaccin REV1 conjonctival, nommé OVIREV® de chez Vétoquinol -cf annexe )
5) Un document– compte-rendu écrit de ce travail existe. (MPP)
6) Dernière épidémie connue à Ganges : 1986 avec plus de 130 cas humains dans la ville, liée à des fromages de chèvres frais (pélardons) vendus « réglementairement sains » mais… contaminés.
7) Cette vaccination conjonctivale si bénéfique pour la santé publique est toujours en action partout dans le monde où la Brucellose pose des problèmes humains et animaux. Mondes méditerranéen, africain, oriental et asiatique, où les troupeaux des bergers transhumants vont et viennent en contact direct des humains.
8) OMC : Organisation Mondiale du Commerce, née à la suite du GATT en 1995.
Voici en lien un éclairage à lire plus que nécessaire en 2014 : l’OMC, voie sacrée pour les pays pauvres : "D’abord, les questions commerciales préemptent le débat démocratique. Les droits de douane désormais au plus bas, le processus de libéralisation des échanges s’attaque désormais aux « obstacles techniques au commerce ». Comprenez les normes sociales, environnementales, de sécurité, de santé publique ou de protection de consommateurs. Sous un jargon commercial, se cachent donc des questions éminemment citoyennes qui exigeraient transparence et débat public. En érigeant l’OMC comme « modèle de développement », l’UE fait ainsi du respect des droits humains un objectif subsidiaire aux considérations commerciales."
La presse vétérinaire nationale, en prise avec la crise de l’antibiorésistance, des viandes frauduleuses, des risques sanitaires, des nouveaux décrets pour découpler les ventes des médicaments de la prescription, de la nouvelle loi d’orientation agricole et la Politique Agricole Commune européenne qui devrait être plus verte que jamais, et d’une reprise économique d’une profession qui ne sait plus où donner de la tête : canine pure, NAC, management seul, ou une rurale dure qu’elle va finir par abandonner cause économie en berne… cette presse nationale - comme celle de l’agriculture intensive - sous forte chimiodépendance et haute pression éditoriale met du temps à parler de voies douces en agriculture, de procédés non toxiques sans tomber toujours dans les clichés du bio, du baba, du bobo, du non économique, du rétrograde.
Diffuser enfin de bonnes nouvelles qui viennent du terrain, pour une fois qu’on ne hurle pas, que les choses se passent bien et qu’on s’en souvient encore, cela pourrait sembler simple, attractif. Pas vraiment. On a l’impression de se complaire à se raconter des histoires toujours tristes.
Mais… (r)évolution ?
La Semaine Vétérinaire a gentiment fini par accepter de faire paraître un article court sur la brucellose fin janvier 2014 que je lui ai proposé.
Nous les remercions.
D’autres propositions d’articles de fond, dont un dossier sur les impacts non négligeables du traitement des déchets des filières d’élevage et agroalimentaires - en impacts CO2, Climat, Coût pétrole etc.. - sont en piste… Les vautours ne seront jamais loin, notre dernier service public gratuit s’il en est, dans l’Hexagone.
Et aussi sur l’agroécologie en actions agricoles partagées sur le territoire garrigues cévennes .
Mais personne ne cherche à savoir ce que deviennent nos quantités astronomiques de déchets , tout le monde s’en f….
L’écologie c’est bien sûr et avant tout de l’économie.
Le printemps 2014 arrive avec de bonnes nouvelles parfois !
Voici le dernier article paru dans la revue bimestrielle de la Société Nationale de Protection de la Nature, le Courrier de la Nature n° 280, écrit par 2 collègues vétérinaires engagés pour la nature. Jean-Marie Gourreau et Dominique Gauthier.
Enfin un article dans ce grand et long silence scientifique qui pose la question :
"et si un tel massacre avait pu être évité ?"
Nous remercions nos collègues vétérinaires, tous deux engagés pour la nature d’enfin oser dire la bêtise et la non efficacité d’un tel traitement, si peu scientifique, si peu honorable pour nous tous.
Dans les derniers mots de cet article, nous notons : "il est tout à fait possible d’envisager une vaccination conjonctivale (et non INTRA - C… manque d’expérience certainement) chez les jeunes animaux."
Ils doivent parler des jeunes animaux domestiques en contact avec TOUTE la faune sauvage qu’il faudrait enfin laisser tranquille, gypaètes inclus. Et continuer avec force à protéger les hommes et la nature, en protégeant de manière prioritaire la faune domestique en interface obligée dans nos territoires extensifs. La vaccination des jeunes caprins a été déjà testée ici en Cévennes, celle des bovins et ovins tout autant, à un prix, une efficacité et une facilité d’emploi incomparables.
Ne parlons-nous pas ces jours de 50 milliards d’€ d’économies à trouver ?
Bonne lecture
- Article print 2014 Courrier de la Nature n° 280 Drs Vét GOURREAU et GAUTHIER
- Enfin un article dans ce grand et long silence scientifique qui pose la question : "et si un tel massacre avait pu être évité ?"
Ici, on continue d’agir, de le faire savoir et on se régale !