Préservation des vautours méditerranéens
Qui sont-ils ?
Quatre espèces se côtoient, toutes naturellement et gratuitement, spécialisées depuis des milliers d’années à recycler les matières biologiques en voie de décomposition.
. Le plus connu est le vautour fauve.
Après avoir totalement disparu suite à sa destruction volontaire il y a une soixantaine d’années, le voici revenu, à partir des gorges de la Jonte où il fut réintroduit il y a 30 ans. Cet hôte permanent des grands Causses vit en colonies et anime maintenant le ciel de Navacelles et de nos garrigues l’été. Ce très grand planeur fauve de 2,70 m d’envergure possède un long cou reconnaissable et une collerette de plumes blanches à la base.
. Un autre sédentaire, le vautour moine, s’invite depuis peu.
Le plus grand rapace d’Europe se distingue du précédent par sa couleur noire et une envergure de près de trois mètres. Le dernier vautour moine observé en Garrigues Cévennes avait été tué au Vigan en 1912. A nouveau, les vautours moines réhabitent notre territoire, grâce à un plan d’action national.
. Le vautour percnoptère enfin vient passer chez nous la belle saison après avoir hiverné au Sahel.
C’est le plus petit vautour aux ailes blanches bordées de noir, à la tête jaune d’oeuf. Déifié par les anciens Egyptiens,“l’enfant des pharaons” des hiéroglyphes est une espèce déclarée en danger d’extinction au niveau mondial : un seul couple continue de venir se reproduire dans le nord de l’Hérault, deux dans le Gard. Sa situation est préoccupante. Et pourtant sa présence est significative de la bonne santé de nos paysages méditerranéens, certainement grâce à un équilibre entre espaces pastoraux (où il prospecte pour se nourrir de petits cadavres laissés sur le territoire), falaises vierges de toute fréquentation (aires de nidification), activités de nature et tourisme respectueux des territoires empruntés.Retour ligne automatique
Un seul couple dans le département de l’Hérault fréquente la ZPS (zone de protection spéciale) de la Fage - Rieutord - Cagnasses, proche de Montoulieu.
. Le gypaète barbu, le plus grand de tous, spécialisé sur les os seulement... nommé casseur d’os, avait disparu depuis longtemps, persécuté par les hommes depuis toujours. Des très hautes montagnes inaccessibles aux hommes, il reconquière petit à petit son territoire... Il est depuis juillet 2012 sur le massif de l’Aigoual entre Causses et Cévennes.
Des animaux menacés par l’ignorance
Pour voir les vautours et s’émerveiller de leur vol planant silencieux et puissant, il est nécessaire d’apprendre à mieux les connaître, à ne pas en avoir peur.
. On a pu entendre parler “d’attaques de vautour” ; il faut rappeler que le vautour est un charognard. Ces suspicions n’ont lieu que dans les territoires où les vautours reviennent et n’étaient plus connus des éleveurs. Un service spécialisé est aujourd’hui en veille dans tous les départements du sud de la France où revolent libres - comme toujours - les vautours fauves. Un protocole a été mis en place depuis deux ans pour accompagner techniquement toute plainte ou suspicion qui passe par la garderie de l’ONCFS et fait intervenir une expertise immédiate par des vétérinaires intégrés dans un réseau national.
. Il faut aussi stopper les empoisonnements à la “mort aux rats”, pesticide trop largement employé sur le territoire, que ce soit dans les collectivités, chez les éleveurs ou à la maison.
. Quant aux animaux euthanasiés, l’information auprès des éleveurs d’équidés et bovins… et des vétérinaires est régulière : “ne jamais laisser à ciel ouvert un cadavre euthanasié par injection, le couvrir d’une bâche efficacement et le faire disparaître au plus vite.”
. Il est aussi interdit et pénalement répréhensif de déranger ces oiseaux protégés, que ce soit sur leurs sites de nidification ou d’alimentation… même pour de fausses “bonnes raisons” (par ex. photographie).
Des projets en garrigues pour un avenir commun, “garrigues vivantes”
La conservation des garrigues… et donc des bergers… et des vautours est d’actualité : plusieurs actions s’intégrant dans cette dynamique sont menées sur le tourisme, l’attractivité du territoire, la lutte contre les incendies, la réappropriation de l’espace par l’élevage et l’ensemble des citoyens…
Ainsi, l’installation de placettes de recyclage biologique chez les éleveurs est relativement facile à mettre en place et permet de diminuer les coûts d’un équarrissage dépendant aujourd’hui complètement du pétrole. Il y en a déjà chez des éleveurs à Notre Dame de Londres, au Rouet, et une à Viols-en-Laval en partenariat avec le Conseil général de l’Hérault ; d’autres sont en projet, à développer très bientôt, si l’on veut continuer de voir prospecter ces oiseaux de si bon augure, comme les décrivaient les Romains...
Ce qui explique certainement déjà l’attractivité des garrigues du Montpelliérais pour les vautours et la survie des percnoptères.
L’animation d’un réseau d’éleveurs en garrigue pour les rendre acteurs et producteurs de biodiversité et d’élevage de grande qualité est en cours.
Avec des projets d’un tourisme différent, un "slow" tourisme, un écotourisme nature, ornithologique, botanique, etc... une éducation, initiation à l’environnement toute l’année pour tous publics, etc…
Cependant, les populations de vautours ont connu un important déclin en France. Les causes sont essentiellement : l’empoisonnement par la strychnine (produit toxique utilisé pour éradiquer les renards et les loups et accumulé dans leurs cadavres), la chasse ou le braconnage, le dénichage intentionnel et la disparition des cadavres d’animaux d’élevage (diminution de l’élevage extensif et développement de l’équarrissage industriel). Si auparavant les vautours se nourrissaient uniquement de cadavres d’animaux sauvages, ils se sont adaptés à l’élevage et sont devenus tributaires des ressources alimentaires d’origine domestique.
Pour favoriser le retour et la sauvegarde des vautours méditerranéens, Goupil Connexion collabore avec les éleveurs pour installer des placettes d’équarrissage naturel ou placette d’alimentation afin de renouer avec un recyclage biologique. Les éleveurs déposent les cadavres d’animaux d’élevage dans un enclos protégé afin que les vautours et autres oiseaux charognards puissent s’en nourrir et les dégrader. Cette action de proximité à faible coût a un impact positif double sur l’environnement : elle permet la sauvegarde des vautours et limite les pollutions dues aux transports d’animaux morts vers les équarrisseurs industriels et aux poussières produites par l’incinération.