Thèse Vétérinaire 2019 : Les Hémosporidies des rapaces et des corvidés : Étude épidémiologique à l’Hôpital de la faune sauvage de 2011 à 2017
Les Hémosporidies des rapaces et des corvidés : Étude épidémiologique rétrospective chez les oiseaux accueillis à l’Hôpital de la faune sauvage Garrigues Cévennes de Ganges de 2011 à 2017
Thèse présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL en novembre 2019 par Thibault JACQUESSON.
La faune sauvage est un sujet qui intéresse et préoccupe de plus en plus les sociétés modernes, concernées par l’écologie et l’équilibre des écosystèmes. L’importance de protéger cette faune des dangers, issus ou non de l’Homme, a probablement encouragé l’apparition croissante des centres de sauvegarde de la faune sauvage, qui accueillent un éventail d’espèces animales parmi lesquelles on peut compter des oiseaux tels que les rapaces et les corvidés.
Les causes d’arrivée d’un oiseau en détresse au sein de ce type de centres sont variables et le vétérinaire doit prendre en compte le risque d’infections ou infestations sous-jacentes avant de prononcer un pronostic.
Parmi les infestations subcliniques les plus prévalentes chez les rapaces et les corvidés, les infestations par les hémosporidies occupent une position importante.
Les hémosporidies sont des protozoaires parasites du sang faisant parti de l’embranchement des Apicomplexa. Ces parasites peuvent être transmis par diverses espèces de vecteurs hématophages et ont été décrits chez une grande diversité d’espèces aviaires domestiques et sauvages (O’Donoghue, 2017).
De nombreuses études ont fait le lien entre la prévalence des hémosporidies dans l’environnement, le degré d’infestation chez les hôtes vertébrés et leur impact possible sur l’écologie de leurs hôtes aviaires, par manipulation adaptative du comportement de l’hôte (Gupta et al., 2011). En particulier, la presque disparition de l’avifaune native Hawaïenne à cause de l’introduction de Plasmodium relictum doit nous alerter des risques écologiques de l’introduction d’un agent pathogène jusque là exotique, sur un territoire vierge (Beadell et al., 2006).
Cependant, bien que constituant un sujet largement étudié au cours du 20e siècle, l’état parasitaire des oiseaux sauvages est aujourd’hui peu connu en ce qui concerne les hémoparasites et notamment les hémosporidies. Par ailleurs, la plupart des études récentes ont été réalisées sur des passereaux mais les connaissances restent assez vagues pour les rapaces et les corvidés qui pourtant, par leur position particulière au sommet de la chaîne alimentaire, jouent un rôle écologique important.
L’objectif de cette étude était, dans un premier temps, de dresser un état des lieux de l’infestation parasitaire par des hémosporidies des rapaces et des corvidés accueillis dans un centre de soins de la faune sauvage du Sud de la France. L’objectif était également de détecter des facteurs épidémiologiques qui pourraient jouer un rôle dans la présence d’hémosporidies sur les animaux étudiés. Finalement, cette étude avait pour but de proposer des mesures adaptées pour réduire les probables risques sanitaires et/ou écologiques de l’hémoparasitisme auxquels les rapaces et corvidés du Sud de la France peuvent faire face.
Pour répondre à ces objectifs, une étude bibliographique a tout d’abord été réalisée afin de présenter les différentes hémosporidies qui peuvent être identifiées chez les oiseaux ainsi que leurs effets sur ces derniers, leur diagnostic et les possibilités thérapeutiques. Parallèlement, les vecteurs invertébrés de ces parasites, indispensables pour la propagation des hémosporidies, ont également été présentés.
Dans un deuxième temps, une étude épidémiologique rétrospective a été réalisée grâce à la collaboration entre l’hôpital de faune sauvage Garrigues Cévennes appartenant à l’association Goupil Connexion et le Muséum National d’Histoire Naturelle. L’hôpital de faune sauvage Garrigues Cévennes recense et transmet depuis l’année 2011 des prélèvements réalisés sur les oiseaux soignés au sein du centre de sauvegarde au Muséum National d’Histoire Naturelle, qui étudie ces prélèvements pour mettre en évidence l’éventuelle présence d’hémosporidies.